Si certains musées utilisent le digital comme un support de médiation, d’autres le considèrent comme un art à part entière. En 2017, Tatiana Pastukhova et Sandro Kereselidze ouvrent Artechouse, le premier espace de Washington entièrement dédié à l’art numérique. Focus sur ce temple de la création 2.0.

Artechouse : pied-à-terre de l’art 100% digital

Assemblage des mots « art », « tech », et « house », Artechouse a pour vocation de faire découvrir au public de nouvelles formes d’art immersives et interactives. « Nous pensons que la technologie a joué un rôle important dans le domaine de l’art depuis le milieu du XXe siècle », déclare Sandro Kereselidze, Directeur artistique et co-fondateur d’Artechouse. « Aujourd’hui, nous vivons le nouvel âge de la renaissance, où la technologie devient l’outil révolutionnaire pour créer des œuvres d’art. »

 Avec ses 15 000 m2 répartis sur trois étages, le lieu offre aux virtuoses de la technologie et de la science un espace permanent pour exposer leurs créations immatérielles. Ici, l’art « n’a pas de limite », et peut « prendre toutes les formes », explique au New-York Times Tatiana Pastukhova, Managing Director et co-fondatrice d’Artechouse. « Nous souhaitions créer un environnement où les artistes pourraient repousser les limites, et trouver l’inspiration pour créer de nouvelles œuvres d’art. »

Tatiana Pastukhova et Sandro Kereselidze mettent depuis 2009 un point d’honneur à faire connaître l’art numérique via leur organisation Art Soiree, qui a déjà présenté plus de 500 programmes artistiques uniques qui mettent en valeur le travail de 1 000 artistes. Avec Artechouse, l’art « 100% digital » a enfin élu domicile à Washington.

(Re)connecter les visiteurs à l’art

Au sein du temple de la création 2.0, l’art ne se touche pas qu’avec les yeux : il s’expérimente. Comment ? Grâce à une interaction avec le visiteur. Lors de la première exposition « XYZT : Abstract Landscape », réalisée par les artistes français Adrien M. et Claire B., les mots « touch », « dance », « walk » et « blow » encouragent le public à se mouvoir sur un sol composé de lignes qui réagissent lorsque l’on marche dessus, ou encore à toucher les écrans pour faire bouger les œuvres digitales.

Le concept Artechouse séduit, et le phénomène digital prend de l’ampleur. Depuis son ouverture, plus de 100 000 personnes sont venues se confronter aux expositions interactives. La dernière en date ? Sakura Yume // Cherry Blossom Dream, qui célèbre l’arrivée du printemps et des cerisiers en fleur. Parmi les installations : carpes Koï et pétales de fleurs de cerisiers répondent aux mouvements du public, invité à emprunter une « rue » aménagée, où des lampions s’éclairent au gré des pas du visiteur.

Un nouveau spot pour les Millennials

Pour rendre l’expérience optimale, Artechouse organise des cessions de 60 visiteurs maximum par espace d’exposition. Résultat ? Un agenda de réservations complet et une liste d’attente qui s’allonge. Pour accueillir son public, Artechouse ouvre ses portes plus tard que les musées traditionnels : jusqu’à 22h30 en semaine et 23h30 les week-ends.

 « Les musées existent pour préserver, et nous sommes ici pour présenter. L’exposition est la même le soir, à la différence que vous pouvez voir des adultes la découvrir comme des enfants », confie Sandro Kereselidze. Le second atout d’Artechouse : son bar avec vue sur l’exposition. Un spot particulièrement prisé des Millennials, qui relaient sur Instagram des selfies, cocktail à la main, avec réalité augmentée. Avec plus de 22 000 abonnés sur ce seul réseau social et un hashtag rassemblant plus de 11 000 publications, nul doute qu’Artechouse atteindra l’objectif de ses fondateurs : fédérer les adeptes de l’art 2.0.