A la tête d’ART LAB+, le programme destiné aux teenagers du très prestigieux Smithsonian Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Amy Homma a une obsession : faire découvrir l’art aux adolescents. Et cela lui réussit : le succès d’ART LAB+ inspire aujourd’hui les directeurs de musées de Moscou, Séoul ou Johannesburg. Nous avons demandé à la jeune femme sa recette pour mobiliser plus de 5 000 teenagers par an.

« Nous partons de ce qui intéresse les jeunes »

Intéresser à l’art les ados de 13 à 19 ans de Washington DC n’est pas une mince affaire. C’est toutefois le pari du Smithsonian Hirshhorn Museum and Sculpture Garden avec le programme ART LAB+, qu’il a lancé en 2014. Ses moyens ? Un budget annuel de 450 000 USD, financé en partie par des mécènes, et une équipe de six personnes pilotée par Amy Homma.

Pour réussir, comme l’explique Amy : « nous nous demandons constamment ce qui intéressera les adolescents : bande dessinée, design de jeux vidéo, 3D… ». Pour surfer sur les nouveaux sujets de curiosité des teenagers, ART LAB+ travaille main dans la main avec des équipes de créatifs plein de ressources : techniciens, concepteurs de jeux vidéo, designers, artistes…

« Cela nous permet de renouveler nos cours tous les deux mois ». Ces ateliers gratuits se tiennent après l’école, entre 15h et 19h. Les lundis sont consacrés à l’utilisation d’outils digitaux pour créer sculptures et autres installations. Mardi, c’est photographie. Le mercredi, les adolescents s’essaient au character design sur des Wacom Tablets, en utilisant des logiciels spécialisés comme Adobe Creative Suite, Scratch et Maya 3 D. Création de films et de musiques sont à l’honneur le jeudi. Et le vendredi, les jeunes se perfectionnent à la 3D en imaginant des paysages, des animaux ou des objets en trois dimensions.

« Utilisez un logiciel à la place d’un stylo »

Si ART LAB+ est artistiquement engagé, il est aussi geek dans l’âme. « Nous utilisons la technologie comme un outil de création » indique Amy. Dans les ateliers d’ART LAB+, les logiciels remplacent les stylos… et ce ne sont pas les ados qui s’en plaindront ! Les cours peuvent accueillir jusqu’à 35 participants, mais certains affichent complet. « Le bouche-à-oreille est notre meilleur allié » sourit la responsable du programme. « Nous retrouvons les frères, les sœurs et les amis des jeunes qui suivent nos ateliers ». ART LAB+ se fait aussi connaître auprès des écoles et des associations de Washington qui travaillent avec les teenagers.

« En aidant les jeunes à maîtriser les nouvelles technologies créatives, on leur fait aimer l’art » poursuit Amy. « Une fois qu’ils connaissent la vidéo, ils se rendent compte de l’engagement que représentent les œuvres et comprennent qu’ils regardent le travail de quelqu’un de très doué. Cela les inspire dans leur propre création ». A l’équipe d’ART LAB+ de dénicher les technologies et les œuvres qui auront un sens pour ce jeune public.

Amy Homma

Des ateliers certifiés par les professionnels de l’industrie

Pour ART LAB+, l’art est une chose sérieuse… les ateliers sont animés par des professionnels reconnus. Les cours dispensés sont ainsi en ligne avec les standards de l’industrie créative. « Nous avons des méthodes de certification qui attestent de ce qu’un élève sait faire : utiliser tel logiciel, se servir d’un appareil numérique, etc. » La responsable d’ART LAB+ insiste sur le fait qu’il est essentiel de relier les cours avec le monde extérieur. « On ne veut surtout pas que les ados se demandent : « pourquoi est-ce que je devrais apprendre ça ? ». Ça doit être évident pour eux ». Grâce à la certification, les élèves ont confiance dans l’enseignement dispensé.

En plus de compétences créatives et techniques, ils acquièrent des soft skills qui font la différence au moment de se jeter dans le bain professionnel : du leadership et de la confiance en soi.

Alors qu’ils voyaient les musées comme des lieux où l’on montre « l’art de gens morts », les ados d’ART LAB+ sont de plus en plus nombreux à intégrer des écoles d’art et de design à la fin de leur scolarité – alors même qu’ils n’avaient pas toujours d’ordinateur à la maison.