A la fois outils de médiation grand public et plateforme d’échange entre les professionnels, les réseaux sociaux sont aujourd’hui au cœur des stratégies de communication des musées. Le point de vue de Bruno Monnier, Président de Culturespaces, sur ces nouveaux espaces de dialogue culturel.

 

Les réseaux sociaux, l’incontournable du musée du 21ème siècle

« L’heure est au digital » commence Bruno Monnier. D’abord, à l’intérieur des musées, avec des expositions aux parcours de plus en plus digitalisés. « Des projections numériques des Carrières de Lumières aux lunettes connectées du Grand Palais, les musées misent sur le digital pour se réinventer ». Ensuite, dans la communication. « Les réseaux sociaux sont désormais incontournables pour les musées et tiennent une place aussi importante que les canaux de communication traditionnels tels que la presse ou l’affichage ».  Pour preuve, il suffit de regarder la page Twitter du British Museum et ses 882 000 abonnés ou le profil Facebook du musée du Quai Branly et ses 125 000 abonnés. « Pratiquement tous les musées ont à ce jour au moins un profil sur un réseau social. Il n’y a pas de règle générale, mais de bons chiffres sur Facebook en termes de nombre d’abonnés seraient de l’ordre de 25% du nombre total de visiteurs annuel, comme c’est par exemple le cas pour notre musée Jacquemart André. Concernant Twitter et Instagram, de bons ratios tourneraient plus autour de 10% et 5% ».

A cette présence des musées sur la toile s’ajoutent des évènements qui fédèrent la communauté des musées en ligne. C’est par exemple le cas de la Museum Week, rendez-vous culturel sur Twitter lancé en 2014 par un groupe de community managers de grands musées parisiens, sous la bannière #MuseumWeek. « Mais la grande tendance est aujourd’hui la communication par l’image » continue Bruno Monnier, qui souligne la montée en puissance d’Instagram et de Snapchat. Et comme bien souvent, les musées américains ont été les premiers à innover. Il prend l’exemple du musée LACMA, qui fait sa promotion de façon décalée sur SnapChat, avec des images d’œuvres accompagnées de messages humoristiques en détournant le sens. « Une manière d’attirer les jeunes publics technophiles, peu habitués au musée ».

lacma

De nouveaux points de contacts avec le public

Mais que trouve-t-on sur les pages Facebook des musées ? « Informations sur les artistes, anecdotes sur les œuvres, coulisses des expositions : les réseaux sociaux sont une caisse de résonance de la vie du musée », continue Bruno Monnier. Des contenus qui ne sont pas simplement lus, mais commentés et partagés, contribuant ainsi à entretenir une vraie communauté en ligne. Facebook et autre Twitter sont également l’occasion de relayer des messages que l’on ne retrouve pas ailleurs, par exemple des billets de blog, des articles de presse, des vidéos etc. « Chez Culturespaces, nous avons lancé le magazine Musée 21 qui traite des grandes transformations du secteur culturel. Tous nos articles sont évidemment publiés sur les réseaux sociaux et permettent de parler de nous autrement qu’à travers nos expositions, en partageant un point de vue, une expertise etc. ». Des messages facilement mesurables grâce à des outils de reporting qui analysent le taux d’engagement et permettent aux musées de « sonder » leurs publics.

 

Un espace de dialogue avec les professionnels de la culture

Si l’on parle beaucoup du grand public, Bruno Monnier rappelle que les réseaux sociaux sont aussi un formidable espace d’échange entre professionnels. Et pour les pros, c’est Twitter qui tient le haut du pavé. D’abord, pour les artistes, qui l’utilisent pour y faire la promotion de leurs œuvres. Bruno Monnier cite en exemple Jeff Koons (@JeffKoons) ou Ai Weiwei (@aiww), suivis respectivement par 200 000 et 330 000 abonnés. « Une formidable interface avec sa communauté de fan ». Ensuite, par les top managers des musées qui, à l’instar de Shelley Bernstein (@shell7) au Brooklyn Museum, ont bien compris l’intérêt de l’oisillon bleu pour faire connaître sa programmation. Bruno Monnier note également que de plus en plus de politiques et d’institutionnels sont sur Twitter, comme par exemple, en France, l’ancien Ministre de la Culture et Président de l’Institut du Monde Arabe Jack Lang (@jack_lang). Enfin et surtout, Twitter est très prisé des journalistes, qui s’en servent à la fois comme outil de veille et pour partager leurs articles.

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Conséquence pour les musées ? « Une page active avec des contenus intéressants aura plus de chance d’attirer l’attention ». Là encore, il cite le magazine Musée 21, dont les contenus visent d’abord à informer les professionnels de la culture (directeurs de musée, journalistes etc.) sur les mutations de leur secteur. « Comment attirer les jeunes au musée ou utiliser la réalité augmentée pour ses visites sont autant de questions qui ouvrent le dialogue. Les réseaux sociaux nous permettent aujourd’hui de partager ces questions très largement, avec tout notre écosystème ».