Frédéric Durand, le co-fondateur de SmartApp, et Julia Da Costa, Chargée des nouveaux médias chez Culturespaces, ont testé ensemble la technologie iBeacon pour les visiteurs du Musée Jacquemart-André. Concluant ?

Un usage historique sur un support innovant

Pour le co-fondateur de la société smArtapps, Frédéric Durand, « si vous cherchez un signe de la transformation digitale des musées, regardez les mains des visiteurs ». A l’instar du musée Jacquemart-André, qui propose gratuitement un audioguide à tous ses visiteurs, les institutions culturelles se dotent d’audioguides 2.0 et applications smartphone – en témoignent les 200 applications de visite réalisées par smArtapps. « Nous cherchons à offrir aux visiteurs une expérience intéressante. Les contenus pédagogiques en sont un élément important » explique Julia Da Costa, Chargée des projets web et nouveaux médias chez Culturespaces.

« La première étape de la transformation digitale a été d’adapter un usage historique à un support innovant », indique Frédéric Durand. Conférenciers, audioguides et applications smartphone poursuivent un même objectif : donner au visiteur les informations utiles  et intéressantes pour éclairer sa visite. « Les nouvelles générations d’audioguide permettent d’amener des contenus complémentaires au visiteur comme des images d’archives, des œuvres conservées dans d’autres musées, ou des reconstitutions en réalité augmentée. Le visiteur peut les consulter chez lui avant l’exposition, sur son smartphone quand il est au musée et depuis sa tablette ou son ordinateur s’il souhaite retrouver des informations sur une œuvre qui l’a touché ».

Pierre angulaire de ces nouveaux modes de navigation : l’éditorial, c’est-à-dire la capacité du musée à proposer des informations pertinentes et à les hiérarchiser en fonction des différents besoins des visiteurs… ou de leurs envies du moment. « Les nouveaux audioguides offrent des méthodes de navigation alternatives qui sont autant de possibilités de visites: on peut balayer la liste des œuvres exposées, chercher le tableau qui nous plaît le plus à partir d’une mosaïque de photographies, ou fonctionner par salle grâce au plan interactif », détaille Frédéric.

iBeacon : la géolocalisation pour aider le visiteur à se situer dans les espaces d’expositions

C’est pour « savoir où l’on se situe en temps réel dans les espaces d’exposition » que smArtapps développe un système de géolocalisation indoor, particulièrement adapté aux musées. « Les GPS ne fonctionnent pas à l’intérieur des salles. Pour que le visiteur puisse se repérer sur son smartphone ou sur l’audioguide, nous nous sommes appuyés sur la technologie Bluetooth Low Energy, présente sur tous les smartphones vendus aujourd’hui. Cette technologie est couplée à des boîtiers disposés dans les salles d’expositions, qui émettent des informations pour le visiteur » raconte Frédéric. Apple a fait connaitre cette technologie sous le nom d’iBeacon. Il reprend : « C’est la précision du paramétrage de ces boîtiers qui fait la stabilité et la fiabilité du signal, et donc de l’information transmise aux visiteurs ». Plus de 50 boîtiers ont ainsi été répartis sur les cinq étages du Musée national Picasso-Paris, qui s’est équipé de cette technologie pour sa réouverture.

Des audioguides qui remplaceront bientôt les panneaux d’explication ?

Le Musée national Picasso-Paris a pris une décision radicale : à part le cartel des œuvres, aucun panneau explicatif ne renseigne sur l’exposition… tout est dans l’application audioguide fournie par le musée aux visiteurs.

Digitaliser ses contenus présente aussi un intérêt dans le cadre d’expositions temporaires. Plus besoin de mettre en place des panneaux et autres éléments de médiation parfois coûteux : les nouveaux audioguides iront chercher directement l’information dans les bibliothèques numériques des musées.

Pour cela, les institutions doivent d’abord se pencher sur l’organisation de leurs données. « Les musées, à l’instar du réseau Paris-Musées (les 14 musées de la Ville de Paris), mettent en place des politiques de mutualisation de leurs contenus, à la fois pour structurer les informations disponibles et pour en optimiser la mise à jour » précise Frédéric. Il poursuit : « mutualiser ses données, cela veut dire que si l’on corrige ou que l’on enrichit un texte, la modification sera effective sur tous les supports numériques où ce texte est utilisé ». Work in Progress…