Échanger avec les acteurs culturels français et internationaux, investir la sphère 2.0, s’équiper pour passer la muraille de la langue… Sophie Etcheverry, chargée de l’action commerciale chez Culturespaces et Gaëlle Lemaire, chargée des groupes au sein du musée Jacquemart-André, nous dévoilent la stratégie de Culturespaces pour conquérir le public chinois.

Préparer le terrain auprès des professionnels du tourisme chinois

« Il faut compter plusieurs années pour parvenir à générer un trafic régulier de visiteurs chinois », explique Sophie Etcheverry. L’une des étapes est d’aller à la rencontre des tours opérateurs chinois et des agences réceptives basées à Paris pour leur proposer d’organiser des visites sur les différents sites de Culturespaces.  « Sans quoi, le public qui passe principalement par ce type d’acteurs pour voyager ne sera pas au rendez-vous », souligne Gaëlle Lemaire.

De nombreuses actions commerciales ont été mises en place pour toucher cette clientèle chinoise, comme par exemple la participation à des salons professionnels, l’organisation d’événements au sein du Musée Jacquemart-André, des visites spécifiques pour les guides conférenciers chinois basés à Paris… Un travail de fond, qui s’entretient jour après jour pour attirer ce public spécifique. En parallèle, Culturespaces poursuit son opération séduction du public chinois en collaborant avec d’autres acteurs touristiques français. « Lorsqu’en 2016 nous avons décidé de cibler ce marché, un de nos premiers réflexes a été de nous inscrire aux ‘Comités Paris’ mis en place par l’Office du Tourisme de Paris », se souvient Sophie Etcheverry. Ces comités regroupent des professionnels parisiens disposant d’une offre adaptée aux marchés sélectionnés et proposent certaines actions très ciblées tout au long de l’année dont un déplacement annuel avec workshop, conférence de presse, et démarchages… Lors de son dernier voyage, Sophie Etcheverry a rencontré au cours de workshops une centaine de professionnels du tourisme chinois et de journalistes. L’enjeu ? « Faire connaître nos musées et monuments, mettre en avant nos atouts et bien sûr nouer des contacts qui devront être réactivés de retour en France. »

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Du digital, des équipements adaptés et une pointe de clichés

 Le digital est un axe majeur de développement et un autre moyen d’attirer le public, car nombreux sont les touristes chinois à préparer leur voyage en ligne. Ainsi, « sans avis sur les plateformes collaboratives chinoises telles que Qyer ou Mafengwo, pas de visibilité, et donc pas de visiteur », explique Gaëlle Lemaire. En effet, ces plateformes où les voyageurs postent leur récit sont considérées comme de véritable guide de voyage à part entière. Culturespaces a également lancé en avril 2016 un compte sur WeChat (le réseau social numéro un en Chine) pour chacun de ses sites. « Notre collaboratrice chinoise anime, en partenariat avec une agence, l’ensemble de nos comptes en chinois pour créer une vitrine de nos monuments avec des visuels, descriptions évènements etc. », détaille Sophie Etcheverry.

En plus de son travail sur la sphère 2.0, Culturespaces mise sur les nouvelles technologies pour attirer ce public. « Les Arènes de Nîmes ont particulièrement bien marché ! » Doté de tablettes proposant une visite interactive en chinois avec de la réalité augmentée, le site se classe en tête du réseau Culturespaces en termes de fréquentation par les visiteurs chinois. La Villa Ephrussi de Rothschild, sur la Côte d’Azur, et de manière générale les sites du sud de la France sont aussi appréciés.  Pour passer la grande muraille de la langue, Culturespaces a équipé la quasi-totalité de ses sites d’audioguides en chinois. « La Cité de l’Automobile vient tout juste de mettre en place son audioguide en chinois » précise Sophie Etcheverry.

Autre stratégie de Culturespaces pour conquérir ce public et rayonner jusqu’en Chine : miser sur des influenceurs. « Dans le cadre de la Fashion Week, nous avons reçu la visite de Shi Xiaoyan, personnalité chinoise influente dans le monde des réseaux sociaux pour un shooting photo. Une belle vitrine pour le musée auprès de la population chinoise ! », se souvient Gaëlle Lemaire. « Elle s’est prise en photo devant de nombreuses œuvres et nous a permis de gagner en visibilité. » Le Paris Haussmannien que l’on découvre dans l’exposition permanente et le restaurant touchent particulièrement ce public. « Le côté romantique, luxueux et l’expérience authentique du lieu sont très appréciés des chinois ».

Résultat de l’ensemble des actions menées par Culturespaces ? « En 2015-2016, le musée Jacquemart André a connu une augmentation de la fréquentation des visiteurs chinois de 100% ! », s’enthousiasme Gaëlle Lemaire.

UnionPay, E-billets : les prochains challenges de Culturespaces

Pour poursuivre sa percée sur le marché du tourisme chinois, Culturespaces réfléchit à mettre en place la solution de paiement China UnionPay (CPU), qui accepte les cartes bancaires de cet organisme regroupant des banques et institutions financières chinoises. Le jeu en vaut la chandelle puisque plus d’un milliard de cartes UnionPay sont en circulation dans le monde. « Cela nous permettrait également de promouvoir nos différents sites auprès des détenteurs de cette carte qui bénéficient d’offres spéciales pendant toute la durée de leur voyage. », précise Sophie Etcheverry.

Nous devons également poursuivre notre travail à destination des grandes OTA chinoises (Online Travel Agency) telles que Ctrip ou Haiwan ». Ces plateformes, qui concentrent de nombreuses informations nécessaires au voyageur pour la préparation et la réservation de leur séjour sont des acteurs incontournables sur ce marché. Bien qu’il soit tout à fait possible d’acheter un billet sur place au Musée, « l’idéal pour cette clientèle reste de pouvoir l’acheter directement avant de partir », complète Gaëlle Lemaire.